Depuis le jeudi 16 mars et le 49.3 de Borne sur la réforme des retraites, chacun a senti que les forces de l’ordre ont employé des méthodes de plus en plus violentes partout en France. Les images de violences policières inondent les réseaux sociaux, et même les chaînes d’information continue ne peuvent passer à côté des graves questions posées par les pratiques de la police. Si jusque-là, les cortèges syndicaux restaient relativement épargnés car encore vaguement considérés comme de légitimes expressions démocratiques par le gouvernement, il faut dénoncer l’arrestation de militants de la FSU pour avoir déplacé une barrière en bois lors d’une manifestation.
De leur côté, les FdO assurent défendre avec leur vie, face à des sectateurs sanguinaires de l’ultra-gauche (ou de l’extrême gauche, ou même de n’importe quel mouvement radical, car tout se confond), l’« idéologie républicaine » (Matthieu Valet). Il est vrai que l’on compte des blessures chez les FdO à Sainte-Soline par exemple.
Le Parisien note : ‘Le gendarme le plus gravement touché a été atteint pas un engin explosif au niveau du ceinturon de son uniforme de maintien de l’ordre pourtant ignifugé, lui infligeant de sérieuses brûlures aux hanches et à l’entrejambe. « Les nouvelles sont rassurantes, mais on ignore s’il gardera des séquelles »’. Le Huffington : « Selon un nouveau bilan établi par le parquet à 13H00 auprès des secours et des hôpitaux, 29 gendarmes ont été blessés, dont deux placés en urgence absolue sans que leur pronostic vital soit engagé, l’un touché à l’aine, l’autre avec un traumatisme respiratoire. » Francetvinfo indique :« Dans un communiqué publié ce dimanche, le procureur de Niort dresse un nouveau bilan après les affrontements lors de la manifestation de la veille, contre les « méga-bassines ». Selon le procureur, « 18 gendarmes supplémentaires ont dû recevoir des soins pour des traumatismes sonores ». » Des brûlures légères, un traumatisme respiratoire peut-être causé par les lacrymogènes de la police, des traumatismes sonores liés aux explosions de grenades. Dans l’ensemble, il y aurait, selon le Figaro, 600 blessés du côté des CRS depuis deux mois et demi que le mouvement contre la réforme des retraites.
Il faut comparer cela au nombre de victimes du côté des manifestants. A Sainte-Soline : deux-cents blessés, trois personnes en urgence absolue, une au pronostic vital engagé et au moins un coma ; le tout causé par des tirs à l’aveugle de LBD depuis des quads et par des lancés de grenades à usage militaires. Rappelons que le commandement des FdO sur place interdit l’accès du site au SAMU (conversation enregistrée avec présence d’un avocat de la LDH) alors que le calme est revenu depuis plusieurs dizaines de minutes. Et ailleurs, depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites : de multiples blessés dont on ne connaît les chiffre exacts ; un pouce arraché à une AESH ; un œil crevé à un cheminot ; d’innombrables arrestations arbitraires ; des dizaines de vidéos d’agressions policières sur des individus isolés, pacifiques voire ne participant pas à la manifestation ; des coups et blessures, des gazages larges touchant des enfants ; désormais les policiers se mettent à dénuder les manifestant en pleine rue et à arrêter celles et ceux qui osent insulter le président sur les réseaux sociaux.
Du coup, Hanouna reçoit sur son plateau, pour redorer leur blason, des membres de la très décriée Brav-M, cagoulés pour anonymat. Mais il est immédiatement révélé qu’il s’agit de faux membres de la brigade, l’un ayant été suspendu et fiché S pour avoir appelé à tirer sur les gilets jaunes, les autres étant liés de près à l’extrême droite.
Pendant ce temps, Darmanin et Macron continuent de mentir sur les faits et les chiffres en se félicitant de l’absence de blessé grave et de morts pendant ce mouvement. Et Darmanin en profite pour dissoudre les organisations écologistes et juridiques qui organisent et soutiennent les rassemblements de Sainte-Soline, tout en enfonçant le clou de l’amalgame entre toute forme d’opposition, qualifiée d’extrême ou d’ultra, selon l’humeur. Le tout pour alimenter le marronnier du monopole de la violence légitime, mais cette fois avec un nouveau lot d’absurdités.
Zemmour a par exemple prononcé cette parfaite contradiction qui laissera songeur : « Il ne peut pas y avoir de violence policière, car la police, et donc l’État, a le monopole de la violence légitime ». Mais sous lu ridicule de la formulation, il y a une position sérieuse et grave.
C’est finalement Matthieu Valet qui donne sans fard les raisons profondes de cette violence : la défense de la république bourgeoise, fondée sur la propriété privée : « Il est par ailleurs étonnant de voir des élus soutenir et se rendre à des manifestations illégales, alors qu’ils sont censés voter et faire respecter la loi. De plus, la propriété privée, donc le droit des terrains agricoles, est consacrée par notre Constitution et par la Déclaration des droits de l’homme. La police et la gendarmerie ont le devoir de protéger la propriété des uns et des autres. Personne n’aimerait que l’on vienne saccager sa maison alors qu’il en est propriétaire et qu’il peut jouir de son bien librement, comme le permet la loi. »