Déclaration SNES-FSU pour le CTSD du 16 septembre 2016
Madame l’Inspectrice d’Académie, Mesdames, Messieurs,
Cette rentrée est partout placée sous le double-signe de l’inquiétude et de l’urgence. Alors que les inégalités sociales et économiques persistent, la Loi Travail passe en force, faute d’adhésion. Hier encore, la rue a massivement exprimé son opposition à cette attaque contre les droits et la protection des salariés. La menace terroriste, elle aussi, est bien réelle. Cette menace, brandie et instrumentalisée par la classe politique, y compris le gouvernement en cette période pré-électorale, a ouvert les vannes à d’indignes polémiques visant notamment la communauté musulmane. Dans ces conditions, lourde est la tâche des personnels de l’Éducation Nationale, dans la défense et la transmission des valeurs de la République. Les écoles doivent en outre faire face à cette peur diffuse et diffusée, aux exigences sécuritaires, sans moyens d’encadrement supplémentaires.
C’est encore l’insuffisance des moyens alloués, et la précipitation qui président à cette rentrée scolaire dans les établissements.
Les réalités de la mise en place de la réforme dans les collèges
L’improvisation règne sur le terrain dans les collèges du département, comme partout ailleurs. La réforme se met en place sur les quatre niveaux simultanément. Les élèves et nos collègues ont, en grande majorité, commencé l’année sans la totalité des manuels pour des raisons diverses (insuffisance prétendue ou réelle du financement, impossibilité pour les éditeurs à faire face au renouvellement de tous les niveaux, défaillances ou erreurs dans les commandes,…). Sur le terrain, les AP et les EPI connaissent une mise en œuvre très disparate selon les collèges, sans oublier qu’ils empiètent sur le temps consacré aux contenus disciplinaires. Ces dispositifs, souvent pensés dans l’urgence, voire imposés par les équipes de Direction, peuvent s’avérer grossièrement bricolés, et trouvent difficilement l’adhésion des collègues. Leur cohérence est remise en question au sein des équipes renouvelées à la rentrée. Des collègues se voient imposer des enseignements qu’ils n’ont pas conçus ou voulus, sous la pression hiérarchique. Le tout a parfois conduit à des alignements bien complexes, des modifications au trimestre et/ou au semestre, engendrant fatalement une dégradation des emplois du temps et des conditions de travail pour les personnels et les élèves.
Les enseignants de collèges sont gagnés par une grande lassitude et l’incompréhension devant cette précipitation et une charge de travail accrue. À la préparation des nouveaux programmes sur tous les niveaux, la multiplication des différentes réunions de coordination, s’ajoutent le nouveau DNB, ainsi que le Livret scolaire unique numérique dont les modalités restent à ce jour bien vagues sur le terrain. Les enseignants sont déboussolés, et ne trouvent pas d’interlocuteur capable d’apporter des réponses claires.
Aussi, comment, dans ces conditions, rassurer des parents légitimement inquiets ?
En conséquence, la désorganisation est grande dans les établissements, avec de plus une multiplication des compléments de services et des BMP, notamment dans les disciplines ayant perdu des heures d’enseignement. On ne compte plus les postes menacés, ni les collègues obligés d’intervenir dans des dispositifs bricolés, ou dans les écoles primaires. On voit mal le bénéfice pour les élèves. Dans le même temps, cette réforme accentue les différences territoriales, et approfondit les inégalités.
Le SNES-FSU continue de défendre un enseignement national, commun à tous les collégiens. C’est pourquoi nous persistons à demander le retrait de cette réforme dont les effets néfastes ne font que se concrétiser.
Le manque de personnels et leur précarisation
Par ailleurs, SNES-FSU ne peut que déplorer le manque de créations de postes au regard des réalités démographiques. On nous signale des classes surchargées dans de nombreux collèges. Dans le même temps, le nombre de postes non pourvus à la rentrée est absolument alarmant. Les problèmes liés à la crise du recrutement et à un défaut d’anticipation semblent être la règle. Ce n’est d’ailleurs pas la revalorisation annoncée et clairement insuffisante, ni les conditions de travail dégradées qui rendront à la profession son attractivité. Il est manifeste que dès septembre, on ne trouve plus aucun TZR pour les remplacements dans bien des disciplines. Dès lors, on observe partout le recrutement massif et dans l’urgence de contractuels, qui sont soumis à des conditions d’affectation et de travail souvent désastreuses : postes sur deux ou trois établissements, temps partiels imposés, absence de formation digne de ce nom, contrats interrompus aux vacances scolaires, sans certitude de réemploi, multiplication des avis défavorables, licenciements sans motif, absence ou retard de paiement. Nous déplorons de plus que le Rectorat ne se donne plus la peine de recevoir ces collègues lorsqu’ils sont dans l’attente d’une affectation. La situation est d’autant plus préoccupante que l’emploi de contractuels devient un principe de fonctionnement dans notre Académie : plus de 4000 contractuels représentant 12% des enseignants ont exercé l’an dernier. Comme pour d’autres concours de recrutement du second degré, le concours Sauvadet lui-même ne parvient pas à pourvoir aux postes offerts.
Nous ne pouvons accepter le maintien de ces personnels dans la précarité, et plus largement, le trop grand nombre d’élèves sans professeurs dès leur rentrée.
La situation des nombreux professeurs stagiaires du département nous préoccupe tout autant. Pour beaucoup, les conditions de leur entrée dans le métier s’avèrent bien difficiles. Comme tous les collègues nouvellement affectés sur leur établissement, ils doivent faire face à une mise en place parfois désorganisée des dispositifs nés de la mise en place de la réforme du collège. Les stagiaires à temps complet n’ont pas de formation assurée. Contrairement aux dispositions de la circulaire n° 2014-080 au B.O. N° 25 du 19 juin 2014 complétée par la circulaire n° 2015-104 du 30 juin 2015, on constate des situations inacceptables : une collègue stagiaire est affectée sur deux collèges éloignés, dont l’un en REP + ; comme d’autres, elle se voit également imposer des heures supplémentaires.
Le SNES-FSU déplore ces réalités, ainsi que, plus globalement, le manque d’adultes dans les établissements pour assurer les conditions de la réussite et de la sécurité des élèves. Bien que le problème dépasse les compétences de vos services, la fermeture de CIO dans le département dégrade les conditions de travail des CO-PSY, et l’accueil des familles. Certains collèges doivent faire face, parfois depuis plusieurs années, à l’absence d’assistante sociale, d’infirmière, de COP-PSY, ou encore de gestionnaire (les situations des collèges Rol Tanguy à Champigny-sur-Marne, Guy Moquet à Villejuif, ou encore Blaise Cendrars à Boissy-Saint-Léger restent de ce point de vue particulièrement préoccupantes). Le redéploiement des infirmières aurait mérité davantage de considération pour les personnels.
De la même manière, nous ne pouvons que regretter l’insuffisance de l’enveloppe globale dédiée à la vie scolaire. Au-delà de la multiplicité et de la difficulté des missions liées à l’accueil et à la sécurité des élèves, les équipes de vie scolaire sont aujourd’hui parfois accaparées par une présence accrue à la grille pour des contrôles renforcés. De même, les personnels ATTE se voient confier des responsabilités supplémentaires.
La situation des collèges REP+
Par ailleurs, nous tenons à attirer votre attention sur la situation des établissements classés en REP+ du département, que nous dénoncions déjà l’an dernier. En effet, la direction des collèges Jules Ferry de Villeneuve-Saint-Georges et Elsa Triolet à Champigny-sur-Marne continue d’imposer des réunions de concertation en fin de journée, ou les mercredis après-midis, alors même que la circulaire ministérielle n°2014-077 indique clairement que les heures pondérées n’ont pas vocation à être comptabilisées. Nous rappelons que la pondération de 1,1 correspond à une reconnaissance de la charge de travail supplémentaire due aux particularités des établissements. Bien que l’ordre du jour de ces réunions ne trouve que rarement l’adhésion des collègues, ceux-ci se voient contraints d’y assister. Ils subissent en ce sens une pression hiérarchique, peu propice à la sérénité du travail en équipe dans l’intérêt des élèves. Nous demandons donc que les thèmes puissent être proposés par les équipes, en adéquation avec leurs besoins, comme cela est le cas dans les autres établissements REP+ de l’académie. Nous demandons de nouveau que la participation à ces temps de concertation ne soit plus imposée avec menace de retrait sur salaire, mais soit librement acceptée, ou non.
Autre sujet d’inquiétude : les problèmes d’affectation des élèves
D’après le dispositif SOS Rentrée, 40 élèves de moins de 16 ans restent à ce jour sans affectation.
Par ailleurs, qu’en est-il de l’affectation des élèves SEGPA qui devaient intégrer les classes de 6ème fermées à la rentrée ?
L’accompagnement éducatif
Pour finir, nous ne pouvons que déplorer la disparition des moyens de l’accompagnement éducatif dans les collèges hors éducation prioritaire, qui dans le même temps doivent s’accommoder d’effectifs souvent lourds dans les classes. Nous demandons que ces moyens restent attribués à tous les collèges, et que du moins pour cette rentrée, les situations particulières puissent être prises en compte.
Merci de votre attention.